Zalka
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2008年 11月 8日 (土) 23:51:44 JST
« Nul ne ment autant quun homme indigné. » Friedrich Nietzsche «[D]e`s ses débuts, le FN se réve`le un précieux allié de lopinion dominante. Non seulement, il fournit a` ceux qui le combattent une identité résistante, mais encore on peut, grâce a` lui, accuser de contagion tous ceux avec qui on nest pas daccord. » Elisabeth Levy , Les Maîtres Censeurs « Mais létrange était que, bien que Goldstein fu^t hai" et méprisé par tout le monde, bien que tous les jours et un millier de fois par jour, sur les estrades, aux télécrans, dans les journaux, dans les livres, ses théories fussent réfutées, écrasées, ridiculisées, que leur pitoyable sottise fu^t exposé aux regards de tous, en dépit de tout cela, son influence ne semblait jamais diminuée. » George Orwell, 1984 Lutter contre « le fascisme », « le néonazisme », « le racisme » et « lantisémitisme » - incarnés dans un parti : le FN - cest radicalement consensuel. Certains loublient trop souvent : la France est un pays ou` 55 millions de personnes ne votent pas pour lextre^me-droite. Bien évidemment, lextre^me droite, me^me ayant adopté un discours plus policé, me^me relookée, me^me se prétendant « socialement a` gauche », est un fléau : il suffit de regarder combien a été désastreuse la gestion des municipalités dans lesquelles elle est arrivée au pouvoir. Mais, ce constat ne doit pas empe^cher de sinterroger sur les raisons qui conduisent la quasi-intégralité de la classe politique française a` verser dans lanti-lepenisme obsessionnel compulsif. Souvenons nous du 21 avril 2002 et des jours qui suivirent . Hommes politiques, journalistes [1], artistes, dans leur écrasante majorité, sommaient alors les bons citoyens daller voter Chirac au deuxie`me tour pour empe^cher larrivée au pouvoir dun milliardaire gâteux qui voyait dans son accession au deuxie`me tour un « complot » fomenté par la droite pour barrer la route au PS (donc qui ne souhaitait pas e^tre élu). De pitoyables rumeurs annonçaient me^me Le Pen vainqueur contre Chirac. Cest ainsi que plus de 82% des votants plébiscitaient Chirac (participation : 79%). Un véritable triomphe, assurément, mais de quoi ? Pas de la clairvoyance en tout cas. La droite ne manque désormais aucune occasion de rappeler quelle a été tre`s largement élue lorsquil sagit de mieux faire passer sa politique de régression sociale. Donc, au nom de la lutte contre le fascisme, tous les candidats évincés au premier tour excepté Gluckstein et Laguiller (qui ont refusé de choisir entre les deux fléaux) et Mégret (qui a appelé a` voter Le Pen) ont enjoint leurs électeurs de porter au pouvoir Chirac. Chacun savait pourtant parfaitement que Le Pen navait aucune chance de^tre élu, que Chirac lemporterait me^me sans les voix de la « gauche », que donner une victoire écrasante a` Chirac revenait a` cautionner par avance sa politique. Une absurdité donc ; dautant plus quil aura fallu gommer bien des passages de la biographie de Chirac pour en faire un antiraciste militant qui a consacré sa vie a` lutter contre la peste brune. Chirac, comme chacun sait, était un défenseur acharné de lAlgérie française [2] , se plait a` disserter sur « le bruit et lodeur » des immigrés et a pour épouse une catholique ultra-intégriste . Toujours est il que , grâce a` un travail de propagande savamment mené , bon nombre de Français furent convaincus que^tre antiraciste et antifasciste en mai 2002 , ça consistait principalement a` voter Chirac. Lantifascisme-spectacle sert a` détourner le prolétariat de la véritable lutte : celle contre la bourgeoisie. De`s lors , on comprend aisément qu'il soit devenu une véritable religion pour nos hommes politiques . Ces derniers donnent limpression de participer a` un concours : cest a` qui ira le plus loin dans la dénonciation du retour de la « be^te immonde »... Lantiraciste professionnel Harlem Désir propose dinterdire le FN , purement et simplement . Henri Emmanuelli en fait autant . Au nom de la défense de la « démocratie » , il faut interdire un parti politique qui lui nuirait sil arrivait au pouvoir . Motif ? Il tient des discours haineux ! Demain , peut-e^tre , ces libéraux demanderont linterdiction des partis dextre^me-gauche , arguant que ceux-ci tiennent des discours haineux envers les grands patrons ... Plus les politiques néolibérales menées par les partis bourgeois de gauche et de droite sont odieuses, plus la dénonciation du « retour de la peste brune » se fait vigoureuse . 10 % des Français sont mal logés ? Vite ! Dominique Galouzeau de Villepin sempresse dannoncer le démante`lement de groupuscules néo-nazis [3] ! Il y aurait en France pre`s de 100 000 SDF ? Mon Dieu ! Quel catastrophe ! Interdisons les sites Internet négationnistes ! Le gouvernement proce`de a` lallongement de la durée de cotisations et tout ça pour , au final , avoir le droit a` une retraite minable ? Une horreur ! Empe^chons immédiatement Bruno Gollnisch dexercer son métier de professeur ! Francis Mer déclare que les pauvres nont que ce quils méritent ? Quimporte ! Le peuple ne sera pas informé des méprisables propos du ministre , car le me^me jour ou la veille , ou une décennie auparavant - Le Pen a dit bien pire , ce qui fera la une des journaux ! Des sans-papiers sont régulie`rement expulsés bien que leur vie soit menacée dans leur pays dorigine ? Criminel ! Abominable ! LUE interdira , en conséquence, les symboles nazis ! Utile cet antifascisme-spectacle Et tre`s bien inculqué a` la jeunesse : une sorte de tradition veut que chanteurs (récupérés) , footballeurs (décérébrés) et autres artistes (ratés) de`s lors quils sont un tant soit peu connus disent tout le mal quils pensent des « fachos » ou du « FN » . Le message est plutôt bien reçu chez les jeunes : Le Pen est perçu par beaucoup comme lincarnation du Mal sur Terre, Satan, lenvoyé du Diable, et c?tera. Par contre, sur le syste`me capitaliste dans son ensemble [4], rare sont ceux qui ont une critique radicale a` formuler ! On ne peut quand me^me pas demander a` dinfluentes célébrités de se lancer dans une critique radicale dun syste`me capitaliste grâce auquel elles font fortune Bref , le jeune daujourdhui , il a une fâcheuse tendance a` e^tre comple`tement apolitique , mais il déteste Le Pen ce « facho ! » parce que ça donne un petit air rebelle. Il va me^me manifester. Un esprit chagrin notera quil est a` craindre que, parmi les centaines de milliers de jeunes qui ont manifesté contre Le Pen en 2002 , beaucoup finiront par voter pour sa fille en 2012 . En ce doux printemps 2002 , « cest le Front National quil faut éliminer » était scandé avec enthousiasme . Pourquoi na-t-on pas remplacé «le Front National » par « la finance mondiale » ? Cette expression aurait pourtant eu lavantage de ne considérer le fascisme que pour ce quil est : une des formes mais pas la seule que peut prendre la domination de la bourgeoisie sur le prolétariat. Mais voila` , lantifascisme-spectacle se doit de^tre branché, festif et consensuel . Dit autrement : inoffensif. [1] Mérite une mention spéciale « France Inter dont les journalistes et animateurs joue`rent a` Radio Londres sans la moindre retenue » (Elisabeth Lévy) . Deux ans et demi plus tard , ces me^mes journalistes , en direct de Kiev , se féliciteront ouvertement de la « révolution orange », cest-a`-dire de la prise de pouvoir vaguement « démocratique » dun candidat pro-occidental soutenu par des nationalistes ukrainiens antisémites . Ce saisissant contraste permet dévaluer la sincérité de ces journaleux lorsquils se disent préoccupés par le retour de la « peste brune » qui serait un danger pour notre « démocratie » [2] Le Pen létait aussi et, dans son cas, les journalistes ne manque`rent pas de le rappeler, généralement avec dégou^t. Conclusion : e^tre partisan de lAlgérie française nest condamnable que si lon est dextre^me-droite. [3] Dont la plupart des électeurs du FN ignoraient me^me jusqua` lexistence. [4] Fascisme et nazisme ne sont que dultimes recours , quand lagitation sociale est telle que la bourgeoisie craint pour son pouvoir , quand la propagande ne suffit plus a` assurer la docilité du prolétariat , quand ce dernier commence a` avoir des initiatives dangereuses pour la survie du syste`me capitaliste ( par exemple , la mise en place dune réelle démocratie fondée sur lorganisation des prolétaires en conseils ; ce fut sporadiquement le cas en Allemagne a` la fin de la Premie`re guerre mondiale) , et cetera . Ce nest évidemment pas un hasard si la prise de pouvoir des fascistes en Italie , tout comme celle des nazis en Allemagne , a été une grande satisfaction pour les milieux daffaires internationaux et les gouvernements américains et britanniques.